Depuis ses premières études sur l’art médiéval et même avant, Régis Labourdette a considéré la photographie comme un agent important dans la perception de l’art. Il a toujours fait partie de ceux qui pensent qu’il convient de dépasser le caractère strictement documentaire de l’image photographique et de considérer que son autonomie relative lui confère une capacité sensible et déjà analytique. À côté de l’écrit et de la parole, l’image photographique peut être méditation, commentaire, dialogue. Elle peut ouvrir la voie à une compréhension renouvelée des gens, des lieux et des œuvres.


Dès ses débuts, Régis Labourdette a tenu à passer tout le temps nécessaire à la transcription immédiate de ses observations, intuitions, questions ou doutes en présence même des œuvres, sous leur regard si on peut dire. Les photographies se sont entremêlées aux mots pour laisser la mémoire de l’approche nécessairement diverse d’objets vivant dans des relations nombreuses et complexes.


Il va de soi que la réflexion sur les affects et les sentiments explicites ou non l’a conduit à rechercher dans la psychanalyse ou la langue non des modèles mais des accompagnateurs attentionnés. De l’art médiéval et particulièrement la sculpture du XIIe siècle à l’architecture moderne ou contemporaine en passant par le cinéma des années vingt, il a été guidé par un même état d’esprit. Il lui est agréable de dire qu’il a pu respectueusement croiser dans certains de ses travaux la pensée d’un Meyer Schapiro.


Des nombreuses années passées à faire des émissions à France Culture il a retiré une expérience des plus précieuses pour approfondir sa réflexion sur les liens entre pensée et expression.  De son travail au Louvre il conserve essentiellement une pratique de l’activité conjointe de l’exposition, de la présentation et de la médiation, dans une optique pluridisciplinaire. Au Centre Pompidou ont pu être mis en œuvre des dispositifs de médiation corrélant les disciplines et les modes d’appréhension. Dans ses diverses activités d’enseignement ont pu être éprouvés divers modes de transmission, plus ou moins distanciés ou in situ. Et l’écriture constitue à tous égards un axe autour duquel gravitent les divers intérêts cités.