ARCHITECTURE ET MYSTIQUE DANS L’ANCIENNE ARMÉNIE

 

PTGHNI, BASILIQUE DU VIIe SIÈCLE

 

EXPOSITION DU 7 DÉCEMBRE AU 18 FÉVRIER 2007 À LA GALERIE MÉDIANE

ET EN 2006 À L’UGAB

 

L’église de Ptghni est une très grande ruine, mais elle dresse les restes de sa subtile rythmique comme une victoire de l’esprit sur les ravages du temps. Entourée de quelques-unes de ses consoeurs, elle possède encore assez d’énergie pour nous inciter à recréer mentalement sa présence originelle, ses formes et ses volumes, pour nous pousser à reconnaître dans le paisible bleu du ciel qui est l’horizon de sa nef depuis longtemps effondrée une humble étape sur la voie de l’incroyable tension vers l’infini qu’elle avait voulu structurer.

Photographier cette architecture arménienne du VIIe siècle, c’est poursuivre la grande histoire du regard lorsqu’il tente de sonder les apparences, de comprendre la vérité d’un lieu, et, dans le cas précis, lorsqu’il accepte de s’engager dans une aventure où vont se côtoyer tension, angoisse et bonheur.

Tension parce qu’il va falloir assumer la double orientation d’édifices dans lesquels le culte exige une attirance vers l’Est, et où, d’autre part, l’effet de concentration vers la coupole ne peut que nous entraîner vers des hauteurs inaccessibles. Angoisse, tant il nous est difficile de concilier deux dynamiques aussi opposées. Bonheur lorsque, après nous être imprégnés des spécificités de ces églises, nous pourrons directement ressentir qu’un certain nombre d’articulations, plus délicates les unes que les autres, parviennent non seulement à nous garantir de passer fermement d’un monde à l’autre mais veulent exalter la grandeur et la nécessité de ce passage.

Or, cette faculté de voyager dans les inévitables tensions et paradoxes de l’esprit peut nous toucher personnellement et constituer un cheminement des plus fructueux pour notre propre compréhension de toutes les ombres et lumières imbriquées qui tissent le cours de notre vie.